jeudi 22 juin 2017

L'Etranger

L'Etranger,
Jacques Ferrandez,
D'après le roman d'Albert Camus, 1942
Ed. Gallimard, 2013


Mot de l'éditeur :
Le jour où sa mère est morte, Meursault a remarqué qu'il faisait très chaud dans l'autobus qui le menait d'Alger à l'asile de vieillards, et il s'est assoupi. Plus tard, dans la chambre mortuaire, il a apprécié le café que lui offrait le concierge, a eu envie de fumer, a été gêné par la violente lumière des lampes électriques. Et c'est avec une conscience aiguë du soleil qui l'aveugle et le brûle que l'employé de bureau calme et réservé va commettre un acte irréparable. Camus présente un homme insaisissable amené à commettre un crime et qui assiste, indifférent, à son procès et à sa condamnation à mort.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril




Ma lecture :

Aujourd'hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
Chacun reconnaît là la première phrase de L'Etranger de Camus, un classique parmi les classiques. Mais je ne me rappelle que d'avoir étudié l'incipit de ce roman, je ne me souviens plus si je l'ai lu en entier ou pas. La BD de Jacques Ferrandez a donc réparé ma mémoire ou comblé mes lacunes, je ne saurai le dire !
Le personnage de Meursault est un personnage fort de la littérature française, l'un des plus énigmatiques. C'est celui qui ne pleure pas quand il apprend la mort de sa mère ou même lorsqu'il l'enterre. C'est celui qui, sur un coup de chaleur tue un arabe à Alger. Et c'est celui, enfin, qui accepte sa condamnation à mort sans mot dire ni maudire. Est-il inhumain ? Est-il hors du monde ? On le surprend pourtant à aimer une femme, qui l'aime en retour. Enfin, l'aime-t-il ? Il aime passer du temps en sa compagnie en tout cas. On le surprend aussi à rire aux éclats à un film de Fernandel. Alors qui est-il ? Un assassin dépourvu d'humanité ? Un homme dépassé par les événements ?
Lors de son procès pour meurtre, on le juge sur son paraître : celui qui ne pleure pas la mort de sa mère, celui qui ne se soucie pas du monde ne mérite que d'être extrait de ce monde. La condamnation est sans appel : il sera exécuté.

J'ai trouvé cette BD vraiment jolie : les paysages d'Alger sont magnifiques, les personnages sont bien dessinés, l'ambiance est bien saisie. Le début montre la langueur de la vie d'un jeune homme à Alger puis se noircit petit à petit avec le meurtre puis le procès. Les couleurs s'estompent au fil des pages à mesure que l'avenir de Meursault se compromet. J'ai trouvé ce procédé vraiment beau. Jacques Ferrandez ne se permet pas de juger le personnage, il le campe, avec sa palette de couleurs, sans trahir Camus.

Une adaptation BD d'un grand roman de la littérature française est-il absurde ? Pas du tout, surtout quand les deux œuvres se répondent, s'éclairent, se complètent. Jacques Ferrandez a rendu là un bel hommage à Albert Camus. Chapeau l'artiste !


Avis des lecteurs:

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