mardi 29 novembre 2016

Chanson douce






Chanson douce,
Leïla Slimani,
Ed. Gallimard, 2016
- Prix Goncourt 2016 -


Mot de l'éditeur :
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.



Dealer : Bibliothèque de Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

Dès la première phrase du roman : "Le bébé est mort", le ton est donné, on sait à quoi s'attendre. L'histoire, quelle qu'elle soit, finira mal... Puis on nous présente un jeune couple, Paul et Myriam, deux enfants, Mila et Adam. Le mari tend vers une belle carrière dans la musique, la femme souhaite reprendre son travail d'avocate et espère, elle aussi faire carrière. Ils cherchent donc une nounou qui veillera sur leurs enfants. Leur choix se porte sur Louise, veuve, sans enfants à charge, douce et disponible. Elle s'occupe des enfants comme une mère, fait le ménage, range la maison : émerveille le foyer, telle une Mary Poppins. Les enfants sont ravis d'avoir une compagne de jeux toujours disponible pour eux, les parents rassurés d'avoir trouvé cette perle. Louise est une super nounou qui gère seule toute la maison, pour permettre aux parents de se réaliser professionnellement. Ils sont heureux de pouvoir se reposer entièrement sur elle. Tout va bien pour la famille et leur nounou, alors on se demande, pourquoi cette première phrase effroyable : "Le bébé est mort" ? Et puis, peu à peu, Louise montre ses failles. Dans son nouveau foyer, elle est cette fée merveilleuse, mais une fois rentrée dans son studio, elle se morfond de l'absence de sa fille, de la misérable vie qu'elle a eu, des dettes de son défunt mari qui s'accumulent, ... Elle rêverait de faire partie intégrante et intégrée de cette famille et se rend indispensable. Peu à peu, la Louise de l'ombre prend le dessus sur la Louise merveilleuse, et tout bascule. Pour le résumé, je m'arrêterai là pour ne pas tout dévoiler.
Mais je dirai que c'est un beau roman psychologique sur les failles humaines. Nous avons Myriam, la maman issue de l'immigration qui, après avoir consacré quelques années à l'éducation de ses enfants, souhaite reprendre le travail pour s'accomplir dans une réussite sociale. Paul, quant à lui, peine à percer dans la musique, mais fait la rencontre qui va le faire toucher de près son rêve et s'y accroche durement. Ce couple-parent, en quête de carrière, va devoir confier leurs enfants à une nounou. Malgré le recrutement sérieux qu'ils mènent, leur nounou sera littéralement une nounou d'enfer car elle va les y mener...
Est-ce un roman contre les nounous ? Pas du tout, dit l'assistante maternelle que je suis ! C'est bien un roman de société, sur l'humain et ses failles. Dans le roman, c'est la nounou qui bascule, mais c'est notre monde tout entier qui bascule.
J'ai bien aimé l'écriture de Leïla Slimani, juste, fine, tout en pudeur. On ne décrit pas le drame mais tout le chemin parcouru pour arriver à ce coup de folie. Pourtant, dès le début, et c'est bien l'effet recherché, le lecteur est mal à l'aise au cœur de cette famille en connaissant le funeste dénouement.
Un roman poignant sur notre société actuelle, mise en relief par un terrible fait divers...

Avis des lecteurs:

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