mardi 11 octobre 2016

Max







Max,

Sarah Cohen-Scali,
Ed. Gallimard-Jeunesse, 2012


Mot de l'éditeur :
«19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !»
Max est le prototype parfait du programme «Lebensborn» initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.



Dealer : Livres-in-room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

Cela faisait longtemps que ce roman était dans ma PAL, j'avais hâte de le lire. Max est un enfant conçu par de parfaits Aryens dans le but de devenir un parfait Aryen et de composer l'élite dominant le monde. Dès 1933, Himmler crée le Lebensborn : un programme mis en place pour repeupler d'abord l'Allemagne puis l'Europe d'individus de race noble et pure. Des hommes et des femmes sont donc sélectionnés avec minutie pour s'accoupler et donner naissance à ces bébés. Dès les premières pages du roman, d'un coup d'un seul, mon cerveau s'est mis en mode science-fiction et je l'ai lu comme tel. Le récit que nous fait ce narrateur, de foetus à pré-adolescent, de sa vie codée et codifiée est effarant. Max, petit garçon à boucles blondes est un Nazi de la pire espèce puisque formaté dès la conception pour défendre les valeurs du IIIème Reich. Il sait qu'il appartient à la race supérieure et que son pays dominera bientôt le monde. Hitler est son idole, son père spirituel, son maître absolu. Son ton, à la fois enfantin et diabolique, fait de lui un personnage effroyable. Ce n'est presque plus un humain mais un robot solidement formaté, sans libre-arbitre. Mon cerveau s'est mis en mode SF pour ne pas avoir à réfléchir si je devais rire ou pleurer de cet angelot démoniaque. Est-il impitoyable ou pitoyable ?
Cette partie du récit est saisissante et déstabilisante et laisse voir les effets d'un endoctrinement sur les enfants. Cela a de terribles échos sur notre société d'aujourd'hui...
Cependant, dans la deuxième partie du récit, Max a 6 ans et rencontre Lukas. Petit à petit, il tend  à s'humaniser, à se poser des questions, à réfléchir par lui-même, ... Le IIIème Reich et ses valeurs s'effondrent peu à peu, laissant un pays, des hommes, des femmes, des enfants totalement désœuvrés dans un sinistre chaos.
J'ai trouvé le roman violent, brutal, émouvant. L'auteur ne sombre pas dans du manichéisme à deux francs six sous, non, son analyse sonne juste. Et c'est cette justesse qui est abominable.
Un livre à lire, certainement ! Il est classé en Jeunesse, je conseillerai de le lire au plus tôt en classe de Troisième si le programme de la Seconde Guerre est toujours au programme.
Un coup de cœur, évidemment. Ou dirais-je un coup de poing !



Avis des lecteurs:

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